De nos jours les médias nous bombardent de photos de femmes ayant le corps idéal. Cependant celui-ci est loin de représenter la vérité car peu de femmes correspondent à cette image de perfection. Tout ce qu’engendre cette propagande ce n’est que des complexes. Chaque pays a son canon de beauté, même si au final, chacun recherche la perfection, hors celle-ci n’existe pas. La beauté est propre à chacun et à chacune. En tant qu’étrangère, quel rapport ai-je avec mon corps tout en vivant au Japon ?
Nouvel article des rendez-vous #Histoires Expatriées organisé par Lucie depuis l’Italie qui tient le blog L’Occhio di Lucie. Le thème du mois est Mon pays et mon corps et c'est Maëva du blog Maeva's Mapa Mundi en est la marraine.
Vision du corps au Japon
Au Japon on a une vision du corps qui est différente de celle que nous avons en Occident. On le comprend tout de suite quand on voit les bains publics et les onsens, les sources thermales. Au Japon, un corps est un corps. Nous sommes tous fait pareil, ça ne sert à rien de le cacher ou de vouloir se comparer. Ainsi les Japonais/es ne sont pas pudiques. C’est normal de se détendre et prendre des bains avec sa famille, des amis, des collègues, son patron voire des inconnu/es. Alors qu’en Europe, il faut cacher son corps. Un corps c’est intime, c’est un jardin secret que seul le ou la partenaire puisse voir en tenue d’Eve.
Coté vestimentaire
Lors de mon premier été au Japon, j’ai également constaté un détail qui est tout le contraire de chez nous. Ici, autant les jupes, même les minis, sont très bien tolérées, autant les décolletés et le fait de dénuder ses épaules est assez mal vu. Ainsi en été, il n’est pas rare de voir que beaucoup de femmes mettent des t-shirt sous leur robe / hauts à fines bretelles. Chose que je trouve vraiment laid et qui gâche complètement la tenue, mais bon ca c’est mon avis. Alors que chez nous, dans mes souvenirs, les femmes sont plutôt pantalons et portent peu de jupes au risque d’être mater et traiter de tout les noms. De plus, les débardeurs et les décolletés sont aussi chose courante. Pourtant quand il s’agit d’aller à la plage ou à la piscine, on distingue deux catégories de femmes. Les femmes, ou mères, qui mettent des combinaisons et les jeunes qui sont en bikini. Les maillots de bain sont aussi rembourrés. Le haut a des push up et un système pour coller les seins l’un contre l’autre pour faire un beau décolleté et donner l’impression qu’ils sont plus gros alors que finalement ils ne remplissent que la moitie des bonnets. Les culottes, elles ont des rembourrages aux fesses, c’est ici que j’en ai vu pour la première fois. Encore et toujours des illusions.
Critères de beauté sur l’archipel nippon
Au Japon un des canons de beauté féminin est la peau blanche. Pour les femmes elles-mêmes, être belles signifie avoir de grands yeux, de longues jambes, être mince tout en ayant une bonne poitrine. Bref, tout le contraire de l’apparence d’une japonaise ordinaire. Beaucoup portent de hauts talons, des robes, jupes et shorts courts pour donner l’impression d’avoir des jambes plus longues. Certaines n’hésitent pas à coller les paupières mobiles de leurs yeux pour qu’ils paraissent plus grands. Sans parler des soutien-gorge et des culottes rembourrés. Tout n’est qu’illusion. De quoi se comparer et complexer d’avantage entre elles. Afin de garder la peau blanche, les femmes se couvrent un maximum au moindre rayon de soleil afin de bronzer le moins possible car l’épiderme des Japonais est fait pour brunir au soleil. Il suffit de voir les enfants à la fin des vacances d’été, ils sont super bronzés, voire certains quasi noir à cause des entrainement sportifs à l’extérieur. Grosse contradiction par rapport à cette idéale de peau blanche non ?
L’apparence extérieure a beaucoup d’importance ici. Les régimes sont aussi très présents, la taille fine prévaut. Dans certains restaurants on peut même trouver des menus pour femmes car moins calorique. La cuisine japonaise peut paraître seine, hors on utilise beaucoup de sucre et il y a aussi pas mal de fritures ! J’ai vu peu de personnes en surpoids ici, mais il y en a quand même. A la TV ils n’hésitent d’ailleurs pas à les mettre en scène et se moquer. Par exemple, dans une émission, ils avaient cherché un couple d’étrangers pour demander à leur payer le dîner pour juste les regarder manger et voir quelle quantité ils peuvent engloutir. Idem pour une étrangère qui raffolait des sushi, elle en a mangé à presque vomir. Autant en France on parle de grossophobie autant ici, ils ne se gênent pas !
Mon corps, le Japon et moi
J’ai longtemps été complexée par mon corps, notamment par mon grand nez et ma petite poitrine. A moins d’avoir des moyens financiers qui le permettent, la seule chose à faire c’est de prendre son temps pour accepter et aimer ce qui nous sert d’enveloppe charnelle. Malgré ma grossesse, j’ai l’impression d’avoir garder le corps de mes 17 ans. A 28 ans je ne dirais pas que j’aime mon corps, mais je l’accepte mieux. Peut être est-ce du à l’âge et/ou au fait d’être devenue maman.
Vu le sentiment de sécurité qui règne dans l’archipel nippon j’ose dénuder mes jambes. Un détail qui peut paraître banal, mais j’ai toujours préféré me cacher. De ce fait, je n’ai jamais autant porter de robes et de jupes que depuis que je suis au Japon. En France c’était extrêmement rare que j’en portais, j’avais l’impression d’être nue et vulnérable, alors qu’ici, je me sens à l’aise et je n’ai pas peur du regard des autres, des hommes en particulier. Peut être est-ce aussi parce que les Japonaises ont quasi toujours les gambettes à l’air. Même si ce n’est pas grand chose, je suis contente de m’être un peu libérée de ce coté là. J’ai toujours eu un style classique, mais comme on peut croiser une grande diversité de styles vestimentaires dans les rues, je n’ai pas peur d’être jugé. Je m’habille comme j’en ai envie. Par contre, étant pudique je ne suis encore jamais allée dans des bains et onsens publics. Je ne me sens ni prête et ni assez à l’aise avec mon corps pour passer ce cap de me retrouver nue devant du monde, encore moins en présence d’amies ou de ma belle-famille ! Quitte à faire des efforts, je préfère commencer avec des inconnues que je ne reverrai plus jamais.
Et vous, êtes-vous en paix avec votre corps ?
***
Les autres participant/es
A French in Mexico – Mexique
L’occhio di Lucie – Italie
Analepses Vagabondes – Canada
Maeva’s Mapa Mundi – Espagne & Angleterre
Ferdy Pain d’Epice – Canada
One year in Derby – Angleterre
Cup of English tea – Canada & Angleterre
Une marmotte voyageuse – Angleterre
Fogu Escales – Sénégal
Aurore ー Sri Lanka et Finlande
Très intéressant comme post.
Etant en surpoids, je ne peux pas affirmer que je suis à l’aise avec mon corps…
Comme tu le dis si bien, quelque soit notre enveloppe charnelle, il faut prendre le temps de s’accepter…
Bises et bonne soirée 😉
Gaëlle
Je suis actuellement en vacances au Japon. J’y suis allée quelques fois et à chaque fois c’est pareil : ici je me sens grande, avec de longues jambes (moi aussi j’adore mettre du court ici et je suis mal à l’aise avec des décolletés peu profonds mais qui ne posent pas de problème en France), je me sens bronzée (alors qu’on m’appelle Mozarella en France). En revanche, je me sens littéralement obèse ici. Je fais 62 kg pour 1m70 et en France, ça va mais ici je me sens énorme. Là où j’ai commencé à mieux le vivre, c’est en allant aux onsen. J’ai vu que toutes les japonaises sans exception avaient de la culotte de cheval. Elles paraissaient parfaites habillées mais nues, elles ont leurs défauts comme nous et ça, ça fait du bien.
Je fais 1m58 et je me sens grande. En chaussures je dois mettre du L alors que je fais du 37-38 qui est une taille standard en France. Côté vêtement, pour les pantalons parfois mes hanches passent parfois non… pour les hauts les manches longues ont tendance à être trop courtes et à me découvrir les poignets. Du coup je m’habille principalement chez Gap, H&M et uniqlo.
Tu restes combien de temps ? 🙂
Je fais du 35-36 et il m’est arrivé de ne pas trouver de chaussures car certaines étaient trop grandes ! Mais j’ai l’impression que la taille de chaussure est parfois un détail au Japon car j’en vois beaucoup qui portent des chaussures trop grandes et parfois… Trop petites… Je viens de m’acheter une veste à Uniqlo… Trop petite aux manches mais pas grave, je les retourne ! Je suis au Japon pour deux semaines. Tu me suis sur insta (et moi aussi) donc tu as peut-être vu quelques unes de mes photos ?! Merci pour ta réponse en tout cas et surtout pour tes articles, toujours aussi intéressants et instructifs !
Merci ! Les retours font toujours plaisir 😉
Oui oui j’ai vu tes photos, deux semaines ça passe vite, profitez bien des derniers jours !
Un article très intéressant, qui recoupe ce que je savais déjà sur ce sujet au Japon. Pour ma part, j’aimerais bien perdre quelques kilos même si je sais qu’ils ne sont que dans ma tête…
Parfois on n’arrive pas à se voir tel que l’on est vraiment. J’espère que tu auras le déclic qui te montrera que tu n’as pas besoin de perdre ces kilo invisibles 🙂
Il est fascinant de voir comment le rapport au corps varie d’un pays à l’autre. Se couvrir les épaules alors qu’il n’y a aucun problème à dévoiler ses jambes ou à se mettre nu dans les bains publics est bien-sûr surprenant…pour un occidental! L’expatriation nous amène à prendre conscience que ce qui est « normal » pour nous ne l’est pas forcément pour notre voisin et donc à réviser notre définition de la normalité. Merci pour ton article!
Je suis bluffée par ton article et j’ai appris énormément de choses. Je serais bien malheureuse au Japon avec mes body débardeur à dos nu! Mais la mode du t’shirt sous la robe a fini par atteindre l’occident, j’en ai vu beaucoup en Angleterre en ville et dans les grandes enseignes. Je suis contente pour toi que tu t’acceptes et j’espère que tu trouveras la paix avec ton corps.
Ton article est très intéressant ! Je trouve ça amusant parce que dans beaucoup de pays asiatiques il est plus « difficile » de dévoiler ses épaules et son décolleté que ses jambes, alors qu’en effet, en France, c’est plutôt l’inverse.
Une fois au Koweit j’ai mis une robe sans décolleté, manches longues, en dessous du genoux avec un dos nu… J’avais l’impression d’être toute nue ! Cette robe est une robe de soirée au Koweit alors qu’en France c’était un habit de tous les jours !
En tous cas, si jamais un jour tu vas dans un bain public, je serai curieuse d’avoir ton avis 🙂
Ce billet est très intéressant.. La notion du corps et de son acceptation est liée à nous-mêmes et nos représentations mais également à celles de la société ! A l’époque, être en surpoids était un phénomène de mode car synonyme de richesse. Les temps changent et les moeurs aussi. C’est intéressant d’en apprendre d’avantage sur la culture japonaise et ça explique certains comportements qui peuvent nous paraitre « particuliers » en France (les femmes sous les parapluies en plein Paris en plein août par exemple 😉 ) Merci pour ce partage !
Oui a l’époque être ronde était synonyme de bonne fertilité.
Effectivement en été, le meilleur allié d’une Japonaise est son ombrelle 😉
Pour ma part, je suis très blanche de peau, ce qui m’a valu pas mal de complexe étant plus jeune. Encore aujourd »hui, j’ai beaucoup de mal à me mettre en robe et à dégager mes jambes parce que, forcément, je reçois une remarque du genre « Mais tu sors jamais de chez toi ou quoi ?! Sors un peu, prends le soleil… » et c’est très agaçant.
Ce que j’aime au Japon, c’est qu’à chaque fois, je n’ai aucun mal à montrer mes gambettes, et comme toi, je me met plus facilement en jupe quand j’y suis.
Article très intéressant en tout les cas, que j’ai beaucoup aimé lire.
A bientôt !
Le coup du menu pour femmes, je trouve ça dingue ! A Venise il y a beaucoup de touristes japonaises et j’avais remarqué la mode du t-shirt sous les robes à petites bretelles, je comprends mieux ! Ton article est très intéressant 🙂
C’est marrant, cet été à Toronto je vois plein de personnes qui portent un t-shirt sous un haut ou une robe à bretelles fines ! Le menu pour femmes me paraît hallucinant, et en même temps je ne suis pas surprise… Merci pour ce témoignage !
[…] son côté, Eva nous fait part de son expérience au japon, dans l’intimité comme dans la rue, loin de nos […]
De toute façon ce culte du corps « parfait » ne veut rien dire, ça peut être même extrêmement dangereux quans ça va demander à des mannequins ou donner l’envie à des gens de partir dans des extrêmes (notamment avec le culte de la minceur et sa fine limite avec la maigreur) Je pense alors aux témoignages de femmes « parfaites » disant devoir faire attention pour ne pas tomber dans la malbouffe, que cette minceur est permise par un problème de santé ou qu’elles ont d’autres défauts physiques… et a quelques proches témoignant qu’ils sont naturellement maigres et complexes de ne pas peser bien lourd
Dans mon cas je dis avoir certes de beaux cheveux mais qu’ils demandent pas mal d’entretien (notamment quand on me dit quils me vont bien si je les laisse bien pousser) et que ma poitrine n’est pas si avantageuse que ça quand au quotidien elle s’avère plusieurs fois encombrante. Pour moi tout dépend de son propre rapport a son propre corps, qu’importe sa morphologie tant qu’on se sent bien avec et que ça ne nous incommode pas au quotidien jusqu’à en complexer ou en souffrir (par exemple des filles vont exprès retirer 1 ou 2 bonnets pour être mieux, notamment si leur poitrine trop lourde leur fait mal au dos)